Homélie du père Hugues de Tilly pour le 4ème dimanche de Pâques – Dimanche du Bon Pasteur
Chers frères et sœurs,
Pour quelques semaines encore, il n’y a que les brebis de Tachainville qui ont le droit de se regrouper autour de leur pasteur. On dit qu’un mouton tout seul déprime. Sûr aussi du’un berger sans mouton dépérit, tandis un troupeau sans berger fini par se disperser, le loup peut alors se servir à sa guise, au gré des occasions. Bref, nous avons besoin les uns des autres.
Un chrétien seul est un chrétien en danger
Pour reprendre l’adage qui a traversé les siècles : un chrétien seul est un chrétien en danger. A défaut de pouvoir nous réunir physiquement pour célébrer l’Unique Pasteur, continuons à faire fonctionner à plein régime les liens de la prière et de la charité, dans la Communion des Saints. En ce dimanche du Bon Pasteur, nous nous tournons vers le Seigneur Jésus, qui n’abandonne jamais son troupeau. Avec Lui, rien ne saurait nous manquer. Pour le roi David, c’était sans doute une image pleine de poésie. En écrivant le psaume de ce jour, il n’imaginait sans doute pas que ce Dieu viendrait, Lui-même, en personne, paître ses brebis.
Le Bon Pasteur, sur les tabernacles… et dans nos vies
Jésus a rempli sa mission. Il est venu me chercher, moi, qui étais loin de Dieu, et m’a consacré par le baptême. Depuis, sur un certain nombre de tabernacles, on voit représenté le Bon Pasteur qui porte sur ses épaules ou sur son cœur la brebis égarée. Le Seigneur Jésus a confié à ses apôtres et à leurs successeurs la mission de réunir les brebis, après son départ vers le Père. Il leur a confié de perpétuer sa présence sacramentelle dans l’Eglise. Vous ferez cela en mémoire de moi. Il a confié à des hommes la mission de la gouverner, et d’enseigner le peuple. Chaque chrétien doit être le relai de Jésus, depuis qu’il a reçu l’onction baptismale. Chaque prêtre doit être le relai de Jésus Pasteur, depuis qu’il a été consacré par le sacrement de l’ordre. Voilà les trois dons faits aux évêques et aux prêtres : sanctifier, gouverner, enseigner ; voilà les trois dons faits au peuple de Dieu lorsque Dieu donne des prêtres à son Eglise.
Y a qu’à demander !
En ce dimanche du Bon pasteur, l’Eglise prie pour demander les prêtres dont elle a besoin. De saints prêtres. Beaucoup de saints prêtres. Si nous ne les demandons pas, il ne faut pas s’étonner de manquer de vocations. Si nous ne prions pas pour nos prêtres, ne nous plaignons pas non plus de leur médiocrité.
Lorsque nous supplions notre Père du Ciel d’envoyer des ouvriers pour la moisson, nous suivons la demande formulée explicitement par Jésus. Demandons sans relâche des pasteurs pour nos communautés chrétiennes, afin qu’elles vivent une vie de foi soutenue par les sacrements, et reçoivent l’Evangile dans la fidélité à l’enseignement reçu des apôtres. C’est ainsi que se constitue l’Eglise. Je joins à cette homélie la prière à Notre Dame du Sacerdoce, prière à laquelle je suis attaché, nous la disions en famille, et il y a dix ans je l’ai faite figurer sur mon faire-part d’ordination : au mois de mai, nous prions pour les vocations en nous tournant vers Dieu notre Père du ciel et vers Marie, Notre Dame.
Se prendre la porte…
Quant à la porte… Jésus dit aussi, en ce dimanche, qu’Il est « la Porte des brebis ». Image curieuse à mes yeux, image qui longtemps ne m’a pas beaucoup parlé. Ce sont des intentions de prière pour les laudes qui m’aident à mieux comprendre (celles du jeudi II). « Ceux qui vont au travail, qu’ils travaillent pour Toi. Ceux qui restent dans leur maison, qu’ils y restent avec Toi. Ceux qui rentrent du travail, qu’ils se reposent auprès de Toi. Ceux qui vont passer la mort, qu’ils meurent en Toi. »
Quand je franchis la porte de ma maison, Seigneur, je veux passer par Toi dans mes actions. Et même quand je ne la franchis pas, je veux quand même passer par la case « Jésus » au début et à la fin de chacune de mes actions. «Tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père[1] ». Alors l’image de Jésus qui est la porte, il faut passer par Lui, n’est pas évocatrice que pour celui qui passe la mort et meurt en Jésus. Cette image devient parlante pour toutes nos actions. Et lorsqu’elles sont difficiles, qu’elles nous coûte et nous font souffrir, nous nous souvenons des portes des hébreux en Egypte, dont les montants et les frontons étaient marquées du sang de l’agneau : nous portons nos croix par Jésus qui a déjà franchi la Croix. « Par ses blessures, nous sommes guéris. » disait Saint Pierre dans sa lettre. Passer par Jésus, passer par sa mort et sa résurrection, c’est aussi et avant tout passer par le baptême, et par chacun de ces sacrements donnés par l’Eglise et qui vont bientôt recommencer à accompagner votre vie de foi, peut-être de manière nouvelle.
Plaidoyer pour la Mezouzah… et pour le Parlement (de 1873 !)
Penser à Jésus à chaque instant, au début de chaque action, ce serait magnifique, mais je n’y arrive pas vraiment. Je suis encore un peu cette brebis errante, et à présent je voudrais me retourner plus fréquemment vers mon berger, le gardien de mon âme. En franchissant le seuil de ma maison, je vais désormais penser à ce que je chante juste avant le Notre Père : Par Toi Jésus, avec Toi et en Toi.
Un peu à la manière juive, avec la Mezouzah que l’on embrasse avant d’entrer dans la maison, en mémoire de deux passages du Deutéronome[2]. Maintenant je comprends mieux pourquoi franchir la Porte Sainte est une démarche au cœur des jubilés, et je vous avoue que c’est dans l’action de grâce que j’ai franchi celle de la basilique de Montmartre, il y a plusieurs semaines. Une basilique construite sur décision du parlement de la troisième République, face aux malheurs du temps, pour manifester que la France pénitente désirait revenir vers le cœur brulant d’amour de Jésus. Un Parlement qui savait reconnaitre une place à la transcendance dans la vie des Hommes. Cela me donne envie de retourner à Montmartre. Pas vous ?
[1] Col 3, 17
[2] Dt 6,4-9 et 11,13-21
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prière à Notre Dame du Sacerdoce
Vie matérielle de l’Eglise :
pour assurer la continuité de la vie matérielle de notre Eglise, quête et denier :
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