Message de Monseigneur Christory – Vendredi 14 Octobre

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« J’étais seul et nu et vous m’avez visité ! « 

Depuis des siècles, les catholiques égrènent leur chapelet pour former un collier de roses pour Notre-Dame, d’où le mot rosaire pour cette prière. À Lourdes où vient d’avoir lieu le magnifique pèlerinage du rosaire, le chapelet est prié à la grotte et retransmis par Internet au bout du monde. Des milliers de croyants s’y associent, particulièrement des personnes fragiles et âgées qui bénéficient de ce moment spirituel. La foi en la sollicitude de la mère du Sauveur accompagne l’Église depuis les premiers temps du christianisme, ainsi la priait-on dès le IIIe siècle en lui disant ces mots : « Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions sainte Mère de Dieu, ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais de tous les dangers délivre-nous toujours. » Il est béni le peuple de Dieu qui comprend que Jésus a confié nos vies à sa mère au calvaire : « ô fils, voici ta mère ». Saint Bernard, grand réformateur de la vie monastique au XIIe siècle, fondateur de l’ordre religieux cistercien, donne l’image de l’aqueduc pour désigner la Vierge, c’est-à-dire qu’il la voit comme le canal de toutes les grâces que Dieu veut nous donner. Cette vision se retrouve dans l’iconographie de Marie dans l’église de la rue du Bac à Paris, où l’on peut voir des rayons qui partent de ses mains et qui représentent les grâces que Jésus veut communiquer. Depuis le calvaire et l’échange étonnant entre Jésus, saint Jean et la Vierge, chaque disciple est enfant de Marie qui nous garde et qui nous protège sous son voile, ce qui veut dire qu’elle nous garde en son cœur immaculé. À Chartres, depuis l’an 876, nous gardons la relique du voile de Marie, donnée au chapitre de la cathédrale par le roi Charles le Chauve. Je propose à chaque eurélien de venir en pèlerinage en ce mois d’octobre, en famille si possible, pour prier devant Notre-Dame du pilier et devant la relique du voile. Nous avons tant d’intentions de prière, la paix que nous souhaitons en Ukraine alors que la ville de Kiev est à nouveau bombardée, le refus d’une future loi favorable à l’euthanasie et au suicide assisté, les violences faites aux femmes et la lutte du peuple iranien pour sa liberté, tant de maux qui font souffrir tant de personnes dans le monde, notamment avec les conséquences désastreuses du réchauffement climatique. 
 
Les difficultés n’appellent-elles pas un surcroît de don de soi ? Jésus accueillait les malades, les grabataires, les lépreux, les personnes tourmentées par les esprits mauvais, les veuves esseulées, les enfants. Il ouvrait son cœur à la détresse des païens, des soldats romains, des samaritains honnis par son peuple, il se faisait tout à tous. La question de la fin de vie et celle de la souffrance physique ne demandent-t-elles pas un engagement nouveau de fraternité, une présence amicale face à ces détresses ? Est-ce que nos communautés paroissiales peuvent créer un nouveau service d’accueil, permanent, ouvert aux personnes en besoin d’écoute ? Beaucoup de souffrances morales ou psychologiques sont extrêmement difficiles à soulager mais nous savons, par expérience, que la possibilité d’être simplement écouté est très précieuse. Qui écoutera ? Par vocation, chaque prêtre doit proposer de longs créneaux hebdomadaires pour une écoute simple pouvant conduire au sacrement de la réconciliation. Mais les prêtres ne sont pas disponibles en permanence et toute la communauté ecclésiale locale doit se sentir concernée. Des formations à l’écoute sont mises en place quand une demande se fait jour car écouter n’est pas une affaire aisée. Cela demande du tact, de la bienveillance, une empathie sans jugement et sans conseil hâtif, une disponibilité pour recevoir le récit d’une vie douloureuse, un zèle pour prier avec les personnes et annoncer que Jésus est notre consolateur. Toute écoute catholique devrait se conclure par une prière sobre et profonde avec la personne, qu’elle soit croyante ou non, chrétienne ou d’une autre religion. Quelques mots adressés ensemble à Dieu notre Père peuvent suffire. L’écoutant chrétien ne garde pas pour lui ce qu’il a entendu mais remet tout dans le cœur de Jésus. Tout vient de lui et tout repart vers lui. 
 
Ainsi, j’engage nos équipes, laïcs, diacres et prêtres à prier le Saint Esprit, à partager sur ce sujet, à s’interroger sur nos accueils. Comment élargir la proposition ? Où accueillir ? Qui former en vue de cette pastorale si précieuse ? Comment faire la promotion de cet accueil pour que les gens sachent que c’est ouvert à tous ? Comment le signifier lors des messes dominicales ? Peut-on susciter une campagne diocésaine dans le cadre de la diaconie ? 
 
Permettez-moi de prolonger cette méditation du vendredi en repartant du passage de saint Paul à Timothée que nous lisions dimanche dernier (2 Tm 2, 8-13). Saint Paul est en prison, dans des conditions sûrement abjectes, il peut néanmoins écrire, peut-être un privilège dû à son statut privilégié de citoyen romain. Timothée est pour lui un fils spirituel. Il sera bientôt apôtre et reconnu comme tel par l’Église. En attendant, Paul l’encourage et le dirige pour qu’il assume la responsabilité de garder le contenu de la foi tel qu’il est transmis par Jésus. 
 
Je relis cette péricope maintenant : 
* « Bien-aimé, souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts, le descendant de David : voilà mon évangile. C’est pour lui que j’endure la souffrance, jusqu’à être enchaîné comme un malfaiteur. » Paul affirme le cœur de la foi chrétienne, c’est-à-dire la résurrection de Jésus, donc aussi sa mort sur la croix. Pour beaucoup, croire cela paraîtra comme une folie car la mort est sans retour. Paul avait combattu fermement les adeptes de Jésus, les pourchassant, les faisant arrêter et condamner à mort. Après sa conversion à Damas, il devient le prophète de la résurrection comprenant que nos propres vies sont destinées à ressusciter après la mort de notre corps pour vivre éternellement avec Dieu. Il attend et il désire ce moment pour lui-même. 
* « Mais on n’enchaîne pas la parole de Dieu ! C’est pourquoi je supporte tout pour ceux que Dieu a choisis, afin qu’ils obtiennent, eux aussi, le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle. » Paul écrit au nom de Jésus et ne veut pas taire le message du salut qu’il désire pour tous. Le mot salut nous déroute car en français il désigne plutôt une salutation mais, pour Paul, il s’agit de recevoir la vie éternelle, être sauvé de la mort, fuir le péché pour éviter la damnation. Sauver les âmes était la motivation de tant de missionnaires dans l’histoire. Aujourd’hui, l’enjeu demeure le même, mais la conscience de l’urgence de la conversion en vue du Ciel s’est évaporée. Qui s’en soucie vraiment ? Qui s’inquiète de son Ciel et de celui des autres ? Or, cela n’est-il pas la question la plus importante que l’homme doit envisager : après la mort, où irai-je ?
* « Voici une parole digne de foi : si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous supportons l’épreuve, avec lui nous régnerons. Si nous le rejetons, lui aussi nous rejettera. Si nous manquons de foi, lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même. » Que veut dire « être mort avec Jésus » ? Est-ce le sort des martyrs qui à l’époque de Paul ont déjà subi le supplice comme disciples de Jésus ? Ou n’est-ce pas surtout le fait du baptême ? En effet, être baptisé c’est mourir au péché en accompagnant Jésus dans sa passion, sa mort, sa mise au tombeau et sa résurrection. Le baptême est notre renaissance pour une vie nouvelle et éternelle. Ainsi Paul est convaincu que si nous sommes morts par le baptême et avons laissé derrière nous la vie passée selon l’esprit du monde, alors nous recevons par Jésus-Christ la grâce d’une vie nouvelle. Avec lui, nous vivons déjà et nous vivrons pour toujours. Le baptême est le premier des sacrements, le plus important, celui qui transforme l’humanité, qui nous fait membre de l’Église et habitant du Royaume de Dieu. Par les autres sacrements, le Christ soutient notre itinéraire, renforce notre attachement à sa personne, libère et nous associe à son sacrifice. Et Paul ajoute que Dieu est fidèle et ne reprend pas ses dons même si nous sommes infidèles. Cela appartient à sa nature divine. Dieu est amour et l’amour est toujours fidèle en Dieu, car il est parfait. 
 
Dans ces mots de Paul s’est glissée cependant une terrible affirmation « si nous le rejetons, lui aussi nous rejettera ». Quel drame si nous sommes bannis hors de la communion trinitaire ! Quel drame d’être exclu de son projet de salut ! C’est pourquoi nous persévérons dans l’écoute de sa Parole et sa mise en pratique, nous aimons et nous servons nos frères et sœurs, pour que ce monde soit plus humain. Dieu nous a confiés les uns aux autres. Cela est une belle mission pour nos communautés. 
 
En ce mois de Marie, prions une dizaine du chapelet pour la paix. Demandons à Notre-Dame de nous accompagner dans notre quotidien. Cette prière fut donnée par Saint Jean-Paul II. 
 
Ô Marie, Secours des chrétiens,
nous nous tournons vers toi dans nos nécessités,
les yeux remplis d’amour,
les mains vides et le cœur plein de désirs.
Nous nous tournons vers toi
qui nous fais voir ton Fils, notre Seigneur.
Nous levons nos mains
pour recevoir le Pain de la Vie.
Nous ouvrons tout grands nos cœurs
pour accueillir le Prince de la Paix.

Mère de l’Église,
tes fils et tes filles te remercient
pour ta parole de foi qui traverse tous les âges,
montant d’une âme pauvre, pleine de grâce,
préparée par Dieu pour accueillir
le Verbe dans le monde
afin que le monde lui-même puisse renaître.
En toi, s’annonçait comme une aurore
le règne de Dieu,
règne de grâce et de paix,
règne d’amour et de justice,
né du mystère du Verbe fait chair.
L’Église répandue à travers le monde
S’unit à toi pour louer Celui
dont la miséricorde s’étend d’âge en âge.

Ô Secours des chrétiens, protège-nous!
Brillante Étoile de la mer, guide-nous!
Notre-Dame de la Paix, prie pour nous!

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