Message de Monseigneur Christory (vendredi 17 avril)

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Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

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« Cette nuit-là, ils ne prirent rien ! »

« Cette nuit-là, ils ne prirent rien ! » N’est-ce pas notre expérience douloureuse dans certains projets de notre vie, l’impression du vide ou de l’échec ? Jésus lui-même a partagé la condition humaine dans cette déréliction, quand ceux qui venaient à lui commencèrent à le quitter « À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. » (Jn 6, 66) Cette expérience a pu nous abattre et parfois nous avons quitté Dieu pour reprendre notre liberté, pensions-nous. Mais quelle liberté sans la source de l’Amour ?
Or Dieu ne vient pas pour organiser la vie sociale, ni d’ailleurs la lutte contre le coronavirus, mais pour nous accompagner vers la Paix et la Vie, bientôt la Vie éternelle. Entre temps, veut-il nous éprouver en nous laissant seul ? Non, car sa promesse n’aurait plus de sens : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 20) Déjà le psalmiste, homme de prière, avait fait l’expérience de la souffrance et de la présence de Dieu, aussi écrivit-il : « Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie : il s’en va, il s’en va en pleurant, il jette la semence ; il s’en vient, il s’en vient dans la joie, il rapporte les gerbes.» (Ps 125, 6-6) En ces jours, alors que la terre d’Eure et Loir est sèche, j’ai une pensée toute particulièrement pour les paysans et maraichers qui attendent l’eau. Bientôt la joie… de la pluie ! Cependant la fécondité n’est jamais immédiate. Souvent il y a un temps de jachère et d’attente. « Cette nuit là, ils ne prirent rien » (Jn 4, 3) pourrait être conjugué diversement en fonction de nos activités. Notre vie est comme une terre qui doit être travaillée. Une femme agricultrice m’avait dit un jour qu’elle ôtait chaque année de ses terres plusieurs tombereaux de silex qu’elle devait ramasser manuellement. Préparer la terre est un effort, puis il faut semer, entretenir et enfin on peut récolter. Il en va de même dans notre parcours. Nous aimerions souvent que tout se fasse vite et sans douleur, comme dans un hypermarché où nous n’avons que l’embarras du choix et nous passons à la caisse. Ce n’est pas l’expérience d’Abraham, de Moïse, de David, des prophètes et des apôtres. Ils ont été purifiés par les épreuves avant que d’être bénis par Dieu. Cependant leur foi en la toute puissance de Dieu les gardait du désespoir et leur donnait la force d’avancer quotidiennement à l’écoute de l’Esprit et au service du peuple. L’Ecriture nous rapporte tant de paroles qui ont habité le coeur du peuple hébreu qui ne fut pas ménagé, comme Jérémie par qui Dieu nous parle toujours : « Car moi, je connais les pensées que je forme à votre sujet – oracle du Seigneur –, pensées de paix et non de malheur, pour vous donner un avenir et une espérance. Vous m’invoquerez, vous approcherez, vous me prierez, et je vous écouterai. Vous me chercherez et vous me trouverez ; oui, recherchez-moi de tout votre cœur. Je me laisserai trouver par vous. » (Je 29, 11-14). Vient alors Jésus qui nous propose une nouvelle voie : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » (Jn 21, 6) et ils prirent cent cinquante trois poissons. « Ma joie, le Christ ressuscité ! », voici la salutation préférée de saint Séraphin de Sarov ! Pourquoi ne pas la reprendre pour nous saluer et pour poser des actes de foi dans nos tâches concrètes ? « Ma joie, le Christ ressuscité ! Jésus pour me préparer à la fête de la Miséricorde, je demeure avec toi dans la joie ». Voici un traitement spirituel de l’âme à reprendre au moins trois fois par jour, sans date de péremption.
Nous avons déjà évoqué la puissance du nom de Jésus que les apôtres appellent à l’aide quand il s’agit de guérir l’infirme qui mendiait à la Belle-Porte du Temple de Jérusalem. Mais les autorités religieuses n’acceptent pas le bouleversement qui s’opère alors ils font arrêter les apôtres qui vont devoir se justifier. Leur défense est simple : dire la vérité. Quelle vérité ? « En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. » (Act 4, 12) Pourrions-nous en ce vendredi de l’octave de Pâques, dans la joie de la Résurrection, utiliser le nom de Jésus pour opérer un bien ? Par exemple dire à un enfant « au nom de Jésus, je te bénis » et lui faire un signe de croix sur le front. Ou encore « au nom de Jésus, je prie pour toi et je demande ta guérison » pour encourager une personne malade par téléphone.
Sur la Croix, le Cœur de Jésus a été transpercé par la lance d’un soldat qui voulut s’assurer de sa mort. Cette réalité physique qui permit l’écoulement du sang et de l’eau est un symbole puissant de la compassion de Dieu en Jésus. Quand le pape saint Jean-Paul II, le 6 janvier 2001, ferma la porte du jubilé de l’an 2000 à la basilique Saint-Pierre de Rome, il dit dans son homélie : « Tandis qu’aujourd’hui se ferme, avec la Porte sainte, un « symbole » du Christ, le Cœur du Christ demeure plus que jamais ouvert. Il continue à dire à l’humanité, qui a besoin d’espérance et de sens : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos » (Mt 11, 28) » Cela signifie que le cœur de Jésus transpercé est ouvert à notre supplication. La résurrection a permis cette disposition définitive de Jésus pour accueillir sur son cœur toutes nos fragilités et nos blessures, comme un enfant blessé se blottit sur sa mère.
Catholiques nous ne sommes pas plus épargnés par les épreuves comme le coronavirus que les autres personnes, mais nous vivons dans la foi au Christ ressuscité et nous invoquons le nom de Jésus dans nos prières. Parfois il nous est demandé de justifier nos choix et d’expliciter quelle est notre source intérieure. Alors, comme les apôtres, nous ne craignons plus de répondre clairement « c’est par le nom de Jésus le Nazaréen, lui que vous avez crucifié mais que Dieu a ressuscité d’entre les morts, c’est par lui que cet homme se trouve là, devant vous, bien portant. » (Act 4, 10). Nous sommes debout et nous avançons en Eglise assurés que Dieu veut faire miséricorde au monde et qu’il demande ce retournement du coeur de la part de chacun de nous. Nous faisons l’expérience qu’après la nuit à ne rien prendre vient la récolte et l’abondance.
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

 

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec le Regina Coeli, qui est la prière traditionnelle vers Marie en ce temps pascal :

En latin :

Regina Cœli, laetare, alleluia:

quia quem meruisti portare, alleluia.

Resurrexit, sicut dixit, alleluia.

Ora pro nobis Deum, alleluia.

 

Reine du Ciel, réjouissez-vous, alléluia,

car Celui que vous avez mérité de porter dans votre sein, alléluia

est ressuscité comme Il l’a dit, alléluia

Priez Dieu pour nous, alléluia.

V. Soyez dans la joie et l’allégresse, Vierge Marie, alléluia

R. Parce que le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia.

 

Prions :

Dieu, qui, par la Résurrection de Votre Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, avez bien voulu réjouir le monde, faites-nous parvenir, par la prière de la Vierge Marie, sa mère, aux joies de la vie éternelle. Par le Christ notre Seigneur. Amen.

A Dieu Père Raymond Stephan !
Hier, nous avons appris la mort du père Raymond Stephan, qui allait vers ses 94 ans. Il n’avait pas le virus, ce qui fut rassurant pour ses frères prêtres avec qui il partageait la vie communautaire à la maison Saint Chéron. Entre autres lieux, il a exercé son ministère à Chateaudun, Nogent le Rotrou, Vernouillet. L’an passé, il attendait anxieux le pèlerinage de l’hospitalité à Lourdes où il put se rendre. Il m’avait dit voici quelques mois « j’espère que les paroissiens cherchent, sinon ils ne trouveront rien ». En effet, notre vie chrétienne est une quête incessante et une promesse : « Toi qui te laisses trouver par ceux qui te cherchent » (Prière Eucharistique III). Gardons en mémoire cet encouragement.
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